En cette période de fêtes, les enfants n’ont qu’un seul nom à la bouche : le Père Noël. Depuis qu’ils sont tout petits, à la maison, à l’école, à la télé, dans les livres, ils ont appris à adorer ce personnage mythique qui chaque année leur apporte comme par magie les cadeaux dont ils ont tant rêvé… Jusqu’au jour où ils arrêtent d’y croire. Une désillusion qui peut s’installer plus ou moins en douceur chez chaque enfant. Plusieurs questions se posent alors : comment nos enfants accueilleront-ils la vérité ? Comment les-y préparer ? Peuvent-ils se sentir trahis par nous, adultes ? Comment cultiver la magie de Noël sans cultiver le mensonge ? Pourquoi le mythe du Père Noël fait-il à ce point l’unanimité ? Comment est-il né ? En voilà de bonnes questions ! Essayons ensemble d’y apporter des réponses pour être prêts à répondre le plus « justement » possible aux interrogations de nos enfants.
D’où vient le mythe du Père Noël
Une rumeur qui a fait de nombreux adeptes court et veut faire croire qu’une célèbre marque de soda serait à l’origine du personnage du Père Noël. Ce qui ne serait pas tout à fait juste. Il faut remonter au 4ème siècle pour découvrir comment est né le héros de nos enfants. À cette époque, un certain Nicolas de Myre aurait ressuscité trois enfants tués par un horrible boucher (le Père Fouettard ?). C’est cet acte héroïque qui l’aurait porté à l’ordre des saints : Saint Nicolas, le saint protecteur des tout-petits.
C’est de Saint Nicolas que s’inspire majoritairement le personnage du Père Noël, mais également du folklore scandinave (Julenisse, un lutin qui apportait des cadeaux et avait une longue barbe, un bonnet et une fourrure ; tenue qu’on attribua ensuite au Père Noël), des divinités celtes (Gargan, qui aurait inspiré le personnage de Gargantua à Rabelais) ou viking (Odin, dieu principal de la mythologie nordique, qui descendait sur terre pour offrir des cadeaux aux enfants scandinaves).
La célèbre marque de soda s’est simplement contentée de transformer, sur une esquisse publicitaire, la tenue du Père Noël alors composée d’une longue robe rouge, en un ensemble manteau + pantalon, représentation qui s’est dès lors imposée.
Pourquoi le mythe du Père Noël fait-il à ce point l’unanimité ?
Dans un monde où, en tout temps, l’humanité a dû faire face à un quotidien parfois très difficile, l’idée d’un personnage si généreux qui viendrait adoucir nos fins d’année est un baume au cœur non négligeable. Les fêtes de Noël sont souvent l’occasion d’une trêve paisible : elles encouragent souvent à mettre de côté nos préoccupations et nos mésententes, à nous retrouver, à penser davantage aux autres, à être généreux et à nous recentrer sur la recherche du bonheur.
Pas étonnant que nous ayons très envie d’y croire !
Faire croire au Père-Noël, est-ce mentir ?
Oui, il s’agit bien d’un mensonge, mais un fantastique mensonge ! Au même titre que les dragons et les fées. Jusqu’à un certain âge, quand nous racontons des histoires à nos enfants, nous ne pensons pas à leur préciser que de telles créatures n’existent pas ; nous ne leur assurons pas non plus l’inverse ! C’est un univers mystérieux, où la magie est reine. Un jour peut-être, au travers de leurs lectures, ils viendront à s’interroger ou à découvrir par eux-mêmes que les fées et dragons n’ont jamais existé… Peut-être en sera t’il de même pour le Père Noël…
Nos enfants peuvent-ils se sentir trahis ?
Il faut tout de même apporter une petite nuance au paragraphe ci-dessus. Si nous portons le Père Noël au rang de créature fantastique au même titre que les dragons, comment expliquer les cadeaux au pied du sapin quand les dragons, eux, ne nous ont de toutes évidences jamais rendu visite. Lorsque nos enfants découvriront qu’il s’agissait d’un mythe, ils découvriront également que nous étions de mèche ! Pour éviter qu’ils se sentent trahis, l’idée est de réussir à cultiver le mythe du Père Noël sans cultiver le mensonge.
Tant que possible, appliquons-nous à ne jamais répondre à leurs interrogations par des assertions. Faisons entrer le Père Noël dans leur vie comme nous leur lisons une histoire ; en laissant planer le doute : « il paraîtrait que… », « une histoire raconte… ». Et en répondant à leurs questions par des « peut-être… », « on dit que… ».
Plus nous inventerons au Père Noël une vie détaillée (son adresse, ce qu’il mange, est-ce qu’il nous regarde, est-ce qu’il peut nous priver de cadeaux si on n’est pas sages), plus nous serons impliqués dans le mensonge, plus nous aurons de mal à plaider non-coupable quand ils nous accuseront d’avoir menti !
L’apparition des premiers doutes
Quand nos enfants commenceront à se poser des questions techniques : « Comment il fait pour passer par la cheminée ?», ou « Les rennes, ça fait comment pour voler ?», et que l’alibi de la magie ne tiendra plus à leurs yeux, n’essayons pas à tout prix de faire diversion ; nous risquerions de bientôt rejoindre le banc des accusés… Tôt ou tard, ils sauront tout.
Accompagnons-les doucement vers la réponse en les invitant à poursuivre leur propre raisonnement. Nous pouvons leur dire que nous nous sommes nous aussi posé les mêmes questions lorsque nous étions petits et que, nous aussi, nous trouvions ça bien mystérieux, mais que l’important, c’est ce qu’ils croient, eux ! Puis attendons le verdict !
S’ils décident que le Père Noël ne peut pas exister et commencent à nous regarder avec un regard louche, alors, adressons-leur un petit clin d’œil qui veut tout dire !
Le passage aux aveux
Quand le mythe s’écroulera, tâchons de combler la place qu’il prenait dans la vie de nos enfants par quelque chose d’aussi symbolique, un intense sentiment de fierté :
« Et bien te voilà grand maintenant… Tu l’as deviné, le Père Noël est une légende : il existe pour ceux qui y croient. Alors, chut ! Ne dis rien aux petits ; laissons-leur le temps de découvrir la vérité tout seuls ».
Nous pourrons alors partager un moment unique et privilégié, un moment de grand et tout leur raconter : la fois où ils se sont relevés et ont failli nous voir en train de déposer les cadeaux au pied du sapin, celle où ils nous ont donné du fil à retordre en nous demandant un cheval volant en nous assurant que le Père Noël pouvait tout fabriquer avec ses pouvoirs magiques et toutes les autres fois où, par amour, nous avons réussi à sauver la magie de Noël qui les ont fait rêver toutes ces précieuses années !
Il paraît que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ; celle du mystère de Noël en fait peut-être partie. S’il est vrai que le Père Noël nous observe, alors soyons rassurés, il ne nous en voudra certainement pas d’avoir menti à son sujet pour faire rêver nos enfants et n’oubliera pas notre cadeau au pied du sapin.