L'histoire page par page
« Youpi, c’est mercredi, mon jour préféré ! » se réjouit Charlotte. Si Charlotte aime tant le mercredi, ce n’est pas parce que c’est le jour de la semaine où il n’y a pas d’école, mais parce que c’est son jour de chorale. Et chanter, Charlotte, elle adore ça ! Du matin au soir, elle fredonne toutes les mélodies qu’elle a dans la tête. Et elle en a beaucoup, car elle retient tout ce qu’elle entend : les musiques qui passent à la télé, les disques que ses parents écoutent et, bien sûr, les airs qu’elle apprend à la chorale. C’est plus fort qu’elle. Parfois, il lui arrive de chanter sans s’en rendre compte. Ça lui est même arrivé pendant la classe, mais la maîtresse n’a pas eu l’air d’aimer beaucoup ça. Alors, quand vient le mercredi, Charlotte est ravie, car elle va pouvoir chanter tant qu’elle veut.
Grâce à la chorale, Charlotte a appris à lire la musique et à jouer avec sa voix, comme avec un instrument de musique, sans faire de fausses notes. Certes, ça ne vient pas comme ça, d’un coup de baguette de magique. Il faut beaucoup travailler. Charlotte répète chaque morceau des dizaines de fois, jusqu’à ce qu’elle le connaisse parfaitement, comme pour une leçon de maths ou de français, mais en beaucoup plus joli. Et puis, il y a les concerts. Chanter devant un public, ça, c’est vraiment génial ! C’est un peu bizarre parce que, avant chaque concert, Charlotte a toujours affreusement peur et se dit qu’elle n’y arrivera jamais. Mais dès qu’elle gonfle ses poumons et qu’elle se met à chanter, elle oublie sa peur et tout va bien. Et, quand elle entend les applaudissements à la fin du concert, elle est tout étonnée que ce soit déjà fini et elle n’a qu’une envie, c’est de recommencer. Le seul souci avec la chorale, c’est qu’on ne peut pas chanter ce qu’on veut. C’est Adèle, la chef de chœur*, qui choisit, et c’est presque toujours de la musique classique*. C’est vrai que c’est très beau, la musique classique, mais Charlotte aimerait bien changer un peu : chanter des trucs d’aujourd’hui, qui donnent envie de bouger, de danser et de taper dans les mains…
Or, voilà qu’un mercredi après-midi, alors que la chorale est en pleine répétition, Charlotte entend venir de la salle d’à côté un battement sourd et répétitif. Ça fait « poum tchak, poum poum tchak, poum tchak, poum poum tchak ». Charlotte ne peut s’empêcher de battre la mesure avec son pied et perd complètement le fil de ce qu’elle est en train de faire. Heureusement, la répétition de la chorale se termine. Charlotte part aussitôt jeter un coup d’œil dans la salle d’à côté. La pièce ressemble à un grand couloir sombre. Au fond, des projecteurs éclairent une petite scène. Il y a là trois garçons, très concentrés sur ce qu’ils sont en train de jouer. Celui qui est à la batterie tape tellement vite sur ses tambours et ses cymbales* qu’on a l’impression qu’il a quatre bras. Celui qui tient la guitare électrique a l’air de danser avec elle. Et le troisième est penché sur un synthétiseur* qui ressemble au tableau de bord d’un avion, tellement il y a de boutons dessus. À la fin du morceau, Charlotte applaudit. « Bravo, c’est super ce que vous faites ! dit-elle. Vous jouez hyper-bien. J’ai reconnu la chanson, c’est une de mes préférées. Mais pourquoi vous ne chantez pas ? Il y a des paroles qui vont avec cette musique. » « Merci, répond le guitariste. On a essayé de chanter, mais ça ne va pas, on n’aime pas nos voix. En fait, on cherche un chanteur ou une chanteuse. On doit faire un concert à l’occasion de la Fête de la musique et on n’a trouvé personne. Tu sais chanter, toi ? » « Oui, répond Charlotte. Je fais partie de la chorale. C’est pas très rock ce qu’on chante, mais je peux quand même essayer. » Sans hésiter, Charlotte rejoint les garçons sur la scène et saisit le micro.
Deux mois plus tard, Charlotte chante toujours avec les trois garçons. Ils forment désormais un vrai groupe de rock. D’ailleurs, ils se sont choisi un nom : Les Rockets, un mot anglais qui veut dire « fusées ». À présent, ils ont pas mal de chansons à leur répertoire*, de quoi faire un bon concert… Enfin, c’est ce qu’ils espèrent, car c’est ce soir, lors de la Fête de la musique, qu’ils vont donner leur tout premier concert. Comme d’habitude, Charlotte a le trac. Mais peut-être encore plus aujourd’hui, car elle va chanter deux fois : avec la chorale et, après, avec Les Rockets ! D’ailleurs, elle se demande comment ses amis de la chorale vont réagir, car elle ne leur a toujours pas dit qu’elle faisait partie d’un groupe de rock… L’heure est venue de monter sur scène pour le récital* de la chorale. Après avoir enchaîné les airs d’opéra, Charlotte court se changer dans les coulisses* et puis, hop ! elle retourne sur scène. Place aux Rockets ! Charlotte et ses copains se donnent à fond. Ils ont l’air si heureux d’être sur scène et ils jouent si bien qu’il y a de plus en plus de monde pour les écouter. Soudain, quelqu’un s’exclame : « Mais… c’est Charlotte ! » C’est Adèle qui vient de reconnaître son élève. Alors, tous les membres de la chorale hurlent : « Bravo Charlotte, bravo les Rockets ! Une autre, une autre ! » Du coup, Charlotte invite tous les choristes à venir chanter une dernière chanson avec elle sur scène. Le résultat est magnifique. Le public est enthousiaste et fait une ovation* à tous les artistes. Adèle se tourne alors vers Charlotte, lui fait un clin d’œil et crie : « Vive la musique ! »
Une chorale, un chœur :c’est un groupe de chanteurs, appelés choristes, qui chantent ensemble. Ces chanteurs sont dirigés par un chef de chœur.
La musique classique :ce sont les œuvres composées par les grands musiciens depuis le Moyen Âge jusqu’au XXe siècle.
Une cymbale :c’est un disque de métal qu’on fait résonner en le frappant. Sur une batterie, les cymbales sont frappées avec la baguette ou actionnées par une pédale pour s’entrechoquer.
Un synthétiseur : c’est un clavier électronique qui peut enregistrer, reproduire et remixer différents sons.
Un répertoire :ce sont toutes les œuvres qu’un artiste ou un groupe d’artistes a l’habitude de jouer, d’interpréter.
Un récital :c’est un concert.
Les coulisses :ce sont les zones qui se situent sur les côtés et derrière une scène.
Une ovation :c’est quand le public applaudit avec enthousiasme.