Un drôle de roi Carnaval
Ce matin n’est pas un matin comme les autres pour Louis. Quand Maman est entrée dans sa chambre, au lieu de se cacher sous sa couette en grognant, il s’est levé immédiatement en disant : « Bonjour, ma petite maman chérie. Aujourd’hui, je m’habille tout seul. ». Après, Louis a avalé son petit déjeuner avec appétit. Papa n’en revient pas et demande à Maman : « Qu’est-ce qu’il se passe ce matin ? Louis a l’air très pressé d’aller à l’école. Y a-t-il quelque chose de spécial ? ». « C’est Mardi gras, répond Maman. Louis va aller à l’école déguisé en Zorro et, cet après-midi, il va défiler dans les rues avec son école. ». « Aaah, d’accord, je comprends mieux ! », dit Papa en riant. Ses tartines terminées, Louis va vite finir de se préparer. Il jette sa cape noire sur ses épaules, met un masque sur ses yeux, pose un chapeau à larges bords sur sa tête et glisse une épée en plastique dans sa ceinture. Dans la salle de bains, il attrape un crayon noir dans la trousse de maquillage de Maman et se dessine une fine moustache au-dessus de la bouche, comme celle de son héros. Louis se regarde dans le miroir et dit : « Ah, ah, c’est moi, le vengeur masqué de l’école maternelle. ».
« Yaaaa ! ». Louis saute sur Tornado, son cheval imaginaire, et galope en direction de l’école, Papa courant sur ses talons. Devant l’école, se presse une foule composée de clowns, de fées, de cow-boys, de princesses et d’animaux de toutes sortes. Louis cherche ses copains. Pas facile de les reconnaître parmi tous ces personnages. Il finit par tomber sur Victor déguisé en chevalier, Mehdi en prince du désert et Théo en superhéros. « Wouah, ils sont supers, vos costumes !», s’écrie Louis. Pas le temps de jouer, il est déjà l’heure d’aller en classe. Valérie, la maîtresse de la grande section, les accueille devant la porte, en essayant de deviner qui se cache derrière chaque déguisement. Quand tous les élèves sont installés, elle dit : « Vous savez que cet après-midi, nous participons au carnaval des écoles. Chaque école va défiler derrière son char de carnaval. La décoration du nôtre est presque terminée. Il ne reste plus qu’à y installer le roi Carnaval que nous avons fabriqué en papier mâché*. On y va ? ». Tous les élèves se tournent vers le fond de la classe et regardent fièrement leur création. C’est vrai qu’il est beau, ce roi Carnaval. Et quel travail ! Chacun y a mis sa petite touche. Les filles lui ont dessiné une grosse bouche rouge qui sourit, de grands yeux verts, et lui ont confectionné une grande couronne dorée. Les garçons se sont occupés du corps : ils lui ont peint les jambes en bleu, le haut en jaune, et lui ont attaché une cape rouge autour du cou. Et Louis a dessiné, devinez quoi ? Une moustache de Zorro !
À présent, l’opération est délicate. Les enfants soulèvent le roi avec précaution* pour aller l’installer sur le char. Mais Théo, sans s’en apercevoir, marche sur la robe de princesse de la petite Lola, qui trébuche et tombe par terre, entraînant tout le monde avec elle. Dans la chute, le cou du roi Carnaval se brise et sa tête roule par terre. Quelle catastrophe ! « Qu’est-ce qu’on va mettre sur le char si on n’a plus de roi Carnaval ? », demandent les élèves à leur maîtresse. Valérie ne sait pas quoi leur répondre. Pendant ce temps, Louis ramasse la tête du pauvre roi Carnaval. Elle n’est même pas abîmée. « Et si j’enfilais la tête du roi Carnaval… Le trou est juste assez grand pour que ma tête passe », se dit Louis. Et hop, Louis pose la grosse tête en papier mâché sur ses épaules et commence à faire le clown pour faire rigoler ses camarades. Valérie se tourne vers lui et lui dit : « Tiens, tiens… Louis, ça te dirait de prendre la place du roi Carnaval sur le char ? ».
C’est comme ça qu’un drôle de Zorro, avec un tout petit corps et une énorme tête qui sourit, s’est retrouvé en tête du cortège de l’école. Avant le départ, Louis avait un peu le trac, alors Valérie lui a dit : « Tu sais, tu peux faire toutes les pitreries* et jeter autant de confettis* que tu veux. ». Comme Louis n’en croyait pas ses oreilles et la regardait d’un air surpris, il lui a expliqué avec un clin d’œil : « Le carnaval, c’est la fête des fous, alors c’est le moment d’en profiter, non ? ». Sur son char, Louis n’a donc pas cessé de sauter, de danser et de lancer des tonnes de confettis sur les passants. Et tous les élèves de l’école ont suivi son exemple. Quelle ambiance ! Vive le carnaval !
Un char : dans les carnavals, c’est une sorte de scène roulante sur laquelle sont placés le roi Carnaval, des personnages géants, des décorations et des personnes déguisées.
Du papier mâché : c’est une matière ressemblant à du carton, qu’on obtient non pas en mâchant du papier, mais en collant plusieurs couches de papier.
Avec précaution : c’est quand on fait attention, quand on fait quelque chose avec prudence.
Une pitrerie : c’est quand on fait le pitre, qu’on fait des farces, des blagues.
Des confettis : ce sont des petits ronds en papier coloré qu’on jette en l’air pendant les fêtes.