L'histoire page par page
Il était une fois, un roi qui, avant de mourir, décida de confier son royaume à ses deux fils, leur demandant de régner chacun leur tour une année. Obéissant à la volonté de son père, Numitor, l’aîné, dirigea le royaume pendant une année puis céda la place à Amulius, son frère cadet. Or, quand vint le moment de changer de nouveau, Amulius refusa de quitter le trône.
« Je ne veux pas te faire la guerre », dit le sage Numitor.
Et il se retira à la campagne, laissant son frère à la tête du royaume. Mais pour le méchant Amulius, cela n’était pas encore assez.
« Il faut que je me débarrasse des enfants de Numitor, se dit-il. Ainsi, personne ne pourra me prendre ma couronne. »
Comme par hasard, peu de temps après, le fils de Numitor mourut dans un accident de chasse. Quant à sa fille, Rhéa Silvia, Amulius l’obligea à devenir prêtresse*. Et, comme toutes les prêtresses, elle avait interdiction de se marier et d’avoir des enfants…
Pourtant, Rhéa Silvia fut bientôt enceinte. Pour avoir désobéi à la loi, Amulius la fit jeter en prison où elle donna naissance à deux beaux garçons.
« Mets les enfants dans un panier, ordonna le cruel Amulius à un serviteur. Emporte-les et jette-les dans le fleuve. »
Mais le serviteur ne put commettre ce crime et déposa le panier au bord de l’eau. C’était la saison où les eaux du fleuve débordaient. L’eau se mit donc à monter, monter et arriva jusqu’au panier, qui se mit à flotter comme un petit bateau. Il navigua ainsi jusqu’au lendemain avant de s’échouer* au pied d’un arbre.
Affamés, les enfants pleuraient et criaient dans le panier. Alertée par ces bruits, une louve, qui venait de perdre ses petits, s’approcha… Mais au lieu de les dévorer, la louve leur fit boire son lait. Et, pendant les jours suivants, elle revint les nourrir régulièrement. Ce petit manège ne passa pas inaperçu. Un berger découvrit bientôt les bébés et les recueillit.
Ce berger, qui s’appelait Faustulus, était un homme bon. Avec sa femme, ils donnèrent aux enfants les noms de Remus et Romulus et les élevèrent comme leurs propres fils. Les deux garçons devinrent des jeunes hommes beaux, forts, courageux et intelligents. Aux travaux des champs, ils préféraient la chasse et l’aventure. Ils se mirent à poursuivre les voleurs qui s’attaquaient aux pauvres gens, les obligeant à rendre ce qu’ils avaient pris.
Leurs exploits firent le tour du royaume et les rendirent très populaires*. Tant et si bien que certains commencèrent à se demander si Remus et Romulus n’étaient pas des princes de sang royal…
Mais un jour, des brigands leur tendirent un piège. Si Romulus réussit à s’échapper, Remus, lui, fut capturé et conduit devant Amulius. Ne voulant pas s’en occuper, il renvoya l’affaire devant son frère Numitor.
Sans le savoir, Remus se retrouva face à son grand-père. Pendant ce temps, Romulus alla trouver Faustulus et lui raconta leurs mésaventures.
« Romulus, dit le berger. Je dois t’avouer quelque chose. Cela fait quelque temps que je le sais sans oser vous en parler à toi et à ton frère. Vous êtes les fils cachés de la princesse Rhéa Silvia. Je vous ai recueillis après que vous avez été abandonnés par un serviteur du roi Amulius. Si celui-ci venait à l’apprendre, Remus serait en grand danger. Il faut vite aller le délivrer. »
Avec une troupe de fidèles compagnons, Romulus prit la direction de la citadelle* d’Amulius où son frère, pensait-il, était enfermé. Numitor aussi avait deviné que le jeune homme qui se tenait devant lui était peut-être son petit-fils. À ce moment-là, Faustulus arriva et confirma la bonne nouvelle. Puis, se tournant vers Remus, il dit :
« Il est temps de rétablir Numitor sur le trône qu’Amulius lui a confisqué. Allons rejoindre Romulus et attaquons ce tyran*. »
Amulius ne résista pas longtemps et l’on entendit bientôt crier de toutes parts : « Vive Numitor, notre nouveau roi ! »
Après avoir ramené la paix dans le royaume, Romulus et Remus décidèrent d’aller fonder, avec leurs compagnons, leur propre ville. Ils choisirent de l’installer à l’endroit où, quand ils étaient petits, la louve les avait nourris. C’était un beau projet… malheureusement la malédiction familiale frappa à nouveau.
Les deux frères n’étaient pas d’accord sur l’endroit exact où poser la première pierre de la ville. Romulus voulait s’installer sur la colline du Palatin tandis que Remus avait choisi celle de l’Aventin. Pour trancher, il fut décidé que le premier des deux qui verrait un vol d’oiseaux dans le ciel serait celui qui donnerait son nom à la ville et en deviendrait le roi. Remus fut le premier à voir passer six vautours. Mais tout de suite après, Romulus en vit douze.
Les deux camps étaient sur le point de se disputer quand Romulus prit une charrue* et se mit à tracer un sillon* pour dessiner les remparts* de la future ville. Remus, pour se moquer de son frère, s’amusa à sauter par-dessus le sillon. Cela rendit Romulus fou de rage et il frappa Remus d’un coup d’épée mortel. Comprenant ce qu’il venait de faire, Romulus pleura son frère et le fit enterrer avec tous les honneurs au sommet de l’Aventin. Puis il se lança dans la construction de sa ville. Elle fut bâtie sur le Palatin, comme il l’avait voulu, et fut nommée… Rome.
Une prêtresse : c’est une femme qui s’occupe de prier un ou plusieurs dieux.
S’échouer : c’est quand un objet flottant s’arrête, car il touche le fond de l’eau.
Populaire : c’est quand quelqu’un ou quelque chose est connu de beaucoup de gens.
Une citadelle : c’est un bâtiment militaire qui permet de défendre une ville.
Un tyran : c’est quelqu’un qui a tous les pouvoirs et qui est injuste et cruel.
Une charrue : c’est un outil qui sert à labourer la terre.
Un sillon : c’est la trace que laisse une charrue.
Un rempart : c’est un grand mur qui sert à protéger un château ou une ville.